Le début de la nouvelle année ecclésiastique 2024

Métropolite Tikhon

Au clergé, aux moines et aux fidèles de l’Église orthodoxe d’Amérique,

Mes enfants bien-aimés dans le Seigneur,

Joyeuse fête et bonne année !

Tu as visité la terre et tu l’as enivrée, tu l’as abondamment enrichie. Le fleuve de Dieu est rempli d’eaux ; tu as préparé leur nourriture, car c’est ainsi qu’il est préparé. – Psaume 64 :10

Le monde célèbre son nouvel an civil au milieu de l’hiver de l’hémisphère nord, dans le froid et l’obscurité du début janvier. En effet, selon l’ancien calcul romain du temps, cette période de l’année était si sombre qu’elle était pratiquement acalendrique : mars était à l’origine le premier mois du calendrier romain, et décembre le dixième et dernier, avec ces jours sombres de l’hiver profond, nos mois de janvier et février, se situant en dehors du temps social normal.

Dans l’Église, en revanche, nous célébrons notre Nouvel An au plus fort de la moisson, dans la saison de la plus grande abondance : « Le printemps est beau, mais l’automne est abondant », pour paraphraser un dicton russe rustique. Cela se reflète dans la psalmodie que nous chantons à cette fête : « Tu béniras la couronne de l’année par ta bonté, et tes champs seront remplis de graisse » (Ps 64, 12).

« Le fleuve de Dieu » – « tes champs ». Ces dictons nous rappellent que le monde naturel, avec toute sa générosité et sa beauté, est la création de Dieu, et qu’il lui appartient. « La terre est à l’Éternel, avec tout ce qu’elle renferme, le monde et tout ce qu’il habite » (Ps 23, 1). L’homme est placé dans ce monde comme son intendant, et non comme son maître ou propriétaire ultime, et la création qui nous entoure nous est donnée non pas comme un droit, mais comme un don. De plus, bien que nous ayons reçu la domination temporelle sur notre environnement, le monde naturel, comme toutes les choses qui viennent de Dieu, trouve sa véritable signification lorsqu’il est offert à Dieu. Nous sommes appelés à être non seulement intendants, mais sacrificateurs, prêtres, prenant ce qui est donné et le rendant au Donateur.

Dans cet acte de sacrifice – le sacrement, le mystère – nous rencontrons et recevons un don encore plus grand, le Donateur lui-même. La création, œuvre superflue de l’amour de Dieu, devient le moyen même de rencontre avec Dieu. Dans le plus grand sacrement, l’Eucharistie, nous offrons du pain et du vin – la générosité de la terre de Dieu, l’œuvre de nos mains dans l’intendance – et nous recevons en retour la Chair et le Sang de Dieu lui-même.

La création est donc sainte, non pas en raison d’une qualité intrinsèque, mais en raison de son origine et de sa destinée : elle vient de Dieu et, lorsqu’elle est utilisée correctement, elle est rendue à Dieu. Ainsi, alors que nous célébrons les bienfaits du monde naturel en cette nouvelle année ecclésiastique, en rendant grâces à Dieu, nous sommes également appelés à évaluer notre gestion du monde naturel. Nous devons veiller à utiliser tous les dons de ce monde de manière responsable et modérée, sans exploiter notre gestion ni abuser de notre domination.

Je souligne que ce travail de gestion, bien qu’il ait des dimensions communautaires et sociales, est avant tout le travail de chaque être humain, de chaque chrétien. Chacun de nous est appelé à offrir son environnement, son travail, son quotidien, ses espaces et ses lieux, son temps, son souffle même, à Dieu par la vertu, la générosité, l’action de grâce et la prière. Nous sommes tous et chacun appelés à partager notre générosité, à embellir notre domaine et à exercer une gestion prudente des choses qui nous sont confiées.

Ainsi, alors que nous célébrons ensemble la nouvelle année et récoltons les bienfaits de la terre, je prie pour que nous participions toujours à l’extraordinaire abondance de la nature avec modération, reconnaissance et générosité envers les autres, en exerçant correctement notre rôle de prêtre et de médiateur – en et par le Christ, le Grand Prêtre et le vrai Médiateur – en offrant à Dieu ce qui lui appartient, de sorte que les collines elles-mêmes soient ceintes de joie et que les vallées crient au chant des hymnes (Ps 64:13).

À notre Dieu grand et éternel, qui couronne l’année de bonté et de générosité, qui par sa puissance a fait les siècles et pourtant règne pour toujours, avant et après et au-delà de toutes les saisons et de tous les temps, qui est un dans la Trinité, Père, Fils et Saint-Esprit : à lui toute gloire, toute action de grâce et toute adoration, maintenant et toujours et dans les siècles des siècles.

Je vous souhaite à tous une bonne année et de nombreuses années de bénédictions à venir.
Sincèrement vôtre en Christ,

+Tikhon
Archevêque de Washington
Métropolite de toute l’Amérique et du Canada

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