Fête de la Présentation du Christ au Temple
Ἡ Ὑπαπαντὴ τοῦ Κυρίου ou Hypapante se traduit comme La Rencontre du Seigneur. Historiquement, c’est-à-dire apparemment, cela nous rappelle de la rencontre du saint Siméon le Théodoque et de l’enfant Christ. Cependant, cet évènement est vu spirituellement comme la rencontre de l’Ancien Testament avec le Nouveau. Le saint et juste Siméon préfigure toutes les générations, à commencer par Adam, qui attendaient le Christ.
« Que se réjoisse Adam, qui par l’intermédiaire de Siméon a dit au Christ : « Maintenant, ô Maître, Tu laisses Ton serviteur s’en aller en paix, selon Ta parole (Lc. 2 : 29) : maintenant Tu me libères de la corruption, maintenant Tu me libères de la mort, maintenant Tu me libères du chagrin, ô Fils et mon Dieu ! »[1]
Le hiéromartyr Méthode (+312) dit que « Siméon le vieillard, se débarassant de l’infirmité de l’âge avancé et ayant revêtu la force de l’espérance, s’empressa – face à la Loi – de rencontrer le Donateur de la Loi »[2]. Ce Donateur est le Dieu, qui est né il y a quarante jours dans une grotte de Bethléem.
Marie et Joseph L’ont amené au Temple de Jérusalem pour qu’Il soit consacré au Seigneur (Lc. 2 : 23). Etait-il nécessaire de consacrer Dieu au Seigneur ? Bien sûr que non ! Or, « c’est ainsi qu’il fallait accomplir toute justice » (Mt. 3 : 15), car le Christ n’est pas venu pour « abolir la Loi, mais pour l’accomplir » (Mt. 5 : 17).
Ils sont venus au Temple de Jérusalem où des sacrifices sont offerts au Seigneur et où le grand prètre prononce Son nom dans le Saint des saints – le nom du Dieu Sabaoth, de Jéhovah (Ex. 3 : 14 ; Jn. 8 : 58), de l’Ancien des jours (Dan. 7 : 9). Le nom de Celui qui repose maintenant dans les bras de Marie[3].
Saints Siméon et Anna
Que savons-nous du juste Siméon le Théodoque et de la prophétesse Anna – de ces deux représentants de l’Ancien Testament qui ont eu l’honneur de voir de leurs propres yeux le Messie promis ?
D’après la tradition de l’Église , le juste Siméon était le prêtre dans le Temple de Jérusalem après Zacharie, le père de Jean-Baptiste, qui fut tué sur l’ordre du roi Hérode.
Bien avant les évènements de la fête de la Présentation, le juste Siméon, parmi soixante-douze savants, traduisit les Saintes Écritures de l’hébreu vers le grec (IIème siècle avant JC). Il reçut par tirage au sort le livre du prophète Isaïe, et lorsqu’il traduisit « Voici, la vierge deviendra enceinte, elle enfantera un fils » (Is. 7 : 14), il décida de changer le mot « vierge » par « femme ». A ce moment-là, un ange l’arrêta et lui dit qu’il ne mourrait pas tant qu’il n’aurait pas vu la prophétie se réaliser de ses propres yeux.
Selon une autre tradition orale, le juste Siméon, revenant d’Égypte à Jérusalem, jeta son anneau dans le fleuve. « Si je le retrouve, je croirai à la prophétie d’Isaïe ». Le lendement, Siméon mangeait du poisson et tomba sur sa bague.
Quoi qu’il en soit, le juste Siméon est mort très âgé immédiatement après les évènements de la Rencontre. D’après la vie de Siméon, compilée par saint Démétrius de Rostov, il mourut à l’âge de 360 ans.
Si le vieillard Siméon préfigure l’Israël vétérotestamentaire, la prophétesse Anna, cependant, devient une image de l’Église du Nouveau Testament. C’est pour cela que Siméon demande l’absolution tandis que Anna va prêcher la bonne nouvelle du Messie « à tous ceux qui attendaient la délivrance à Jérusalem » (Lc. 2 : 38).
Dans ce contexte, il serait intéressant de parler de la signification des noms. Siméon est traduit par « entendu de Dieu » et Anna signifie « grâce ». La demande de Siméon fut, effectivement, entendue par Dieu qu’il eut l’honneur de tenir dans ses bras. Anna, étant la préfiguration de l’Église du Nouveau Testament, devient remplie de grâce.
Saint Amphilochius d’Iconium (+ après 394) transmet ainsi les paroles de la prophétesse Anna : « Ne voyez-vous pas cet Enfant ? C’est Lui qui a créé les temps, Il a établi les cieux, Il a étendu la terre, Il a entouré la mer de revages. Cet Enfant, au temps de Noé, a ouvert les portes du déluge… Il a libéré nos ancêtres de l’Égypte par le bâton de Moïse, a divisé la mer Rouge et… leur versant la manne dans le désert, Il leur a donné la terre en héritage »[4].
Ces paroles sont confirmées par le texte liturgique : « La chaste Anna prophétise de grandes choses, confessant que le Christ est le Créateur du ciel et de la terre »[5].
[1] St. Cyrille d’Alexandrie. L’homélie sur la Rencontre de notre Seigneur et Sauveur.
[2] Hiéromartyr Méthode du mont Olympe. Homélie sur Siméon et Anna. Le jour de la Hypapante., 6-8.
[3] « L’Ancien des jours qui, sur le mont Sinaï, a donné la loi ancienne à Moïse. Aujourd’hui, Il est vu en tant qu’enfant. Et, selon la loi, étant le Créateur de la loi, Il est présenté au Temple en accomplissant la loi ». Vigiles de la fête de la Rencontre, 1ère stichère de la litie.
[4] Saint Amphilochius d’Iconium. Homélie sur la fête de la Rencontre. Homélie II.
[5] Refrain du 9ème chant de la Fête. Le même texte se trouve sur l’icône de la Mère de Dieu de Kykkos : kleimo de ste. Anna (XII s., monastère ste. Catherine, m. Sinaï).